Œuvres proposées par monsieur MambeComment un produit alimentaire peut-il être le témoin de l'évolution des mentalités d'une société?Banania, une histoire culturelle française
Produit alimentaire français, il est devenu un produit « icônique » dont la représentation officielle est associée encore aujourd’hui à la figure du « tirailleur sénégalais ». Produit d’une époque, produit de l’empire, il s’est adapté pour survivre à l’évolution de la société française. Il est le reflet de celle-ci. Banania, c’est d’abord du chocolat et derrière la notion d’exotisme, de plaisir, de plaisir enfantin du petit déjeuné chocolaté.
Banania c’est une marque qui défie le temps, sa notoriété malgré la concurrence féroce est due à cet amour que la population française lui porte depuis plus de cent ans maintenant. C’est une marque ancrée dans l’histoire culturelle française. Dans le cadre de notre travail en histoire des arts, c’est l’évolution de sa représentation publicitaire que nous allons étudier. 1 Pourquoi peut-on dire que Banania est le reflet de l'évolution des mentalités françaises ? 1 Source : Jean Garrigues, Banana, histoire d’une passion française, Editions du May, septembre 1991, Paris « Banania et le rêve colonial » Le produit Banania s’inscrit dans le contexte colonial français. L’empire français est le deuxième derrière le britannique. Dans les années 1880, l’expansion coloniale entre dans sa phase la plus importante. Il passe de 900000 à 12 millions de km² en trente ans. L’opinion française est largement acquise à l’idée coloniale française. Le nom de Banania joue sur une erreur. La farine de banane n’est qu’un composant d’un produit riche en céréales (crème d’orge), en cacao et en sucre. La banane est mal connue mais attractive (elle est vendue à l’époque dans les épiceries de luxe). Mais Pierre Lardet, l’inventeur, va jouer sur cette ambiguïté pour promouvoir son produit qui répond aux nouveaux besoins des enfants en matière d’alimentation et qui flatte l’idée coloniale. Sur la première boîte de la firme (1912) des régimes de bananes entourent une Antillaise portant un turban et dont les épaules sont couvertes d’un madras. Cette Antillaise a des traits européens. C’est avec la guerre que cette femme va prendre des traits plus négroïdes. Les colonies font rêver la jeunesse de cette époque. « L’ami Y’a bon au service de la France » L’image du Noir est très largement empreinte de paternalisme, de condescendance et parfois de mépris. L’homme noir est un primitif à domestiquer. Malgré tout, il suscite de la sympathie, voire de la fascination. Les expositions universelles sont un moyen de le montrer, de l’exposer aux Français entre 1855 et 1900. Ces dernières exaltent les richesses de l’empire français. Mais c’est avec la Première Guerre mondiale, Banania et le tirailleur sénégalais sont associés. C’est la première affiche qui datant de 1915 qui représente le tirailleur mais elle n’est pas signée. Le fond jaune évoque la couleur de la banane, la chéchia rouge au pompon bleu, le lettrage BANANIA en majuscules bleues et le sourire épanoui de l’ami Y’a bon, sont les éléments qui ont traversé les modes et les décennies. Banania participe à l’effort de guerre. Pierre Lardet va envoyer au front des wagons chargés de ce produit et le distribuer avec l’aide d’infirmières. C’est à la fois un coup de pub et un acte patriotique. Les soldats vont se souvenir de ce produit qui leur a donné un peu de réconfort. La France est forte grâce à ses poilus, grâce à Banania et grâce à son empire. L’invention du mythe La légende raconte que dans les premiers mois de la guerre, un tirailleur sénégalais blessé, est envoyé à l’arrière pour travailler dans l’usine de Pierre Larlet. Il y goûte la boisson, il l’adore et n souriant de ses dents blanches, il s’exclame : « Y’a bon ! ». A partir de 1915, l’Ami Y’a bon devient l’emblème de la marque. L’Antillaise va s’effacer au profit du tirailleur pour disparaître vers 1935. Le soldat victorieux, le bon sauvage est associé à la santé de l’enfant. Ensemble, il forge le mythe d’une France prête à tous les défis. Le remède miracle d’une France qui croit en son avenir. L’âge d’or de l’ami Y’a bon (les années 1930-1940) A la veille de la Seconde Guerre mondiale, grâce à son nouveau propriétaire Viallat et son secrétaire Lespinasse, la marque Banania atteindra des sommets. La guerre, les privations n'atténueront pas la notoriété de Banania qui survivra en dépit des rationnements qui entraîneront une légère modification de la composition du produit. "Après l'alerte, c'est le réconfort" scanderont à l'époque les affiches, organisant la "défense passive de l'organisme" des jeunes Français. Les ventes s'accroissent régulièrement, notamment avec la création d'un ticket de rationnement spécial petits déjeuners. Une idée de Lespinasse qui mènera Banania à son apogée. Le baby-boom et l’ami Y’a bon La fin du conflit annonce aussi celle du paternalisme colonial. L'empire d'outre-mer s'ébranle. L'ami Y'a bon, à l'égard duquel les Français entretenaient un mélange de sympathie, d'admiration et de mépris, disparaît peu à peu de l'imagerie populaire. Seul Banania le conservera sur ses boîtes. L'heure de la reconstruction sonne. Celle d'une France moderne et d'une société de consommation à l'américaine, sous l'impulsion du Plan Marshall. C'est le temps du "baby boom" et des "Trente glorieuses". Banania s'inscrit dans cette nouvelle dynamique qui tourne le dos à la nostalgie coloniale. Le discours de la marque porte désormais sur les vertus énergétiques du produit. En 1946, Banania peut enfin de nouveau offrir "la qualité d'avant-guerre". Le tirailleur sénégalais se fait progressivement plus discret. S'il conserve sa place sur les boîtes, les publicitaires tentent de lui substituer un nouveau personnage qui ne sera qu'éphémère : Nanette Vitamine, illustration du rajeunissement de la France. Entre polémique et succès qui perdurent Des années 60 aux années 70, Poulain, Nesquick, Benco, Suchard et Phoscao Ovomaltine commencent à lui faire de l'ombre. Reste que les amateurs de Banania témoignent toujours de leur attachement à la marque et à la saveur du produit. La recette, sans grand changement depuis 1912, est même reconnue à l'odeur par les inconditionnels ! L'image du tirailleur disparaît des publicités en 1967 (il est remplacé par un simple écusson reprenant cependant la symbolique du visage du tirailleur puis en 1970 par un enfant blondinet souriant) car jugé par certains comme une représentation caricaturale raciste des Noirs africains. En 1977, le slogan « Y a bon ! » disparaît également de la boîte. L'ami Y'a bon survivra toutefois à la décolonisation. Le tirailleur sénégalais, dont la première version date de 1915, est modifié en 1957 par le célèbre affichiste Hervé Morvan. Dix ans plus tard, un nouveau dessin, simplifié à l'extrême, le ramène à la dimension d'un écusson. Dans les années 70-80, sa place se réduit encore jusqu'aux années 90 qui voient sa réapparition dans la version dessinée par le même Morvan : il est désormais présent sur l'un des côtés du paquet pour rappeler aux consommateurs les délices de la recette de Banania "à l'ancienne". C'est un grand sourire gourmand et complice qui domine aujourd'hui sur les boîtes jaunes. Ce n'est plus celui de Y'a bon mais celui de l'enfant qui se prépare à déguster son Banania. En cela, la marque n'a pas le sentiment d'avoir trahi le Sénégalais. L'Empire colonial a disparu mais le sourire Banania est toujours là et c'est sur le discours nutritionnel que Banania axe désormais sa communication en mettant en avant les bienfaits de sa formule exclusive qu'avait tant appréciés le tirailleur de 1915. Visuellement présent ou non, celui- ci est à jamais dans la tête des consommateurs. Les porte-paroles de la marque s'appellent maintenant les Trois Mousquetaires, Merlin l'Enchanteur, la Belle au Bois Dormant... afin de perpétuer la part de rêve des enfants Banania. Et pour ses quatre-vingts ans la société réédite une boîte métal porteuse du fameux sourire du sénégalais redessiné en 1957 par Hervé Morvan. Conclusion Plus que toute autre marque, Banania s’est faite depuis 80 ans le témoin de temps. A chaque époque, elle a su s’adapter. A travers ce nom, reste évoqué bien sûr la banane -produit de luxe lors de la création du produit- mais surtout le goût de l’enfance, gage de son succès. Tel est le secret de l’exceptionnelle longévité de Banania : Le sourire, le réconfort, le bonheur quotidien d’un plaisir simple, enraciné dans l’expérience des ancêtres. Sérigraphie Les soupes Campbells de Warhol, 1962 |
CARTEL DE L'ŒUVRE :
Nous allons étudier une œuvre de l'artiste américain Andy Warhol, figure majeure du mouvement artistique du Pop Art américain qui apparaît au début des années 1960. Cette œuvre réalisée en 1962 s'intitule Campbell's Soup Cans, Boîtes de soupe Campbell en français, elle est aussi souvent appelée « 32 boîtes de soupes Campbell » car il s'agit de 32 petites peintures d'environ 51cm par 41 cm montrant chacune une variété (un goût) de soupe différente et que proposait la marque Campbell à l'époque.
Je vais maintenant passer à la première grande partie de mon exposé dans laquelle je vais d'abord vous parler de l'artiste Andy Warhol puis je situerai mon objet d'étude dans ses contextes historique et artistique.
L'artiste Andy WARHOL
Andy Warhol est né en 1928 à Pittsburgh en Pennsylvanie et mort à New York en 1987 à 59 ans.
Enfance : – Petit, Andy Warhol a une maladie qui l'oblige à rester souvent alité. Pour s'occuper, Andy Warhol dessine, écoute la radio et collectionne des photographies de stars de cinéma. Il décrira plus tard cette période de sa vie comme déterminante dans son développement personnel et de ses goûts artistiques. – Il fait 4 ans d'études artistiques entre 1945 et 1949, il y développe déjà une technique de dessin tamponné, donc d'une image répétée.
Années 1950 : Andy Warhol devient un illustrateur publicitaire reconnu qui travaille comme publicitaire dans des magazines de mode féminins. – En 1952 a lieu sa première exposition d'illustrations publicitaires dans une galerie new-yorkaise, Andy Warhol a 24 ans.
Années 1960 : C'est au début des années 1960 qu'il peint ses premières boîtes de soupes Campbell ainsi que ses sérigraphies ayant pour sujet des stars américaines – En 1964 il ouvre à New York un atelier artistique qu'il appelle la Factory (la Fabrique) : La Factory, en plus d'être l'atelier où il réalise ses sérigraphies, sert aussi de galerie d’exposition, de studio de tournage, de photographies, de salle de concert. C'est le lieu de fêtes « people » réunissant le milieu underground et de jeunes riches de la jet set, et où la drogue circule librement. Andy Warhol est un artiste touche à tout : travail de peintre avec ses sérigraphies, producteur musical, cinéaste, il a même eu sa propre chaîne de télévision câblée. Il a soutenu de jeunes artistes aujourd'hui célèbres : Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. Dès le début de sa carrière Andy Warhol s’intéresse à deux univers : la publicité commerciale et le monde artistique : Pour lui ces 2 mondes ne sont pas opposés, il parle « d'art commercial » pour la publicité et de son envie de « terminer avec une entreprise d'art », ce que la Factory peut symboliser. Warhol eu l'idée de les réunir et adhère au Pop Art dont il sera l'artiste le plus connu. Il est considéré comme « Pope of the Pop » (le « Pape du Pop »).
Les thèmes de prédilection d'Andy Warhol sont les objets de consommation, les stars et la mort.
Le contexte historique : Après la Seconde Guerre Mondiale, l'Europe se reconstruit. C'est l'essor des Etats-Unis qui deviennent la 1ère puissance économique mondiale et dont la culture devient un modèle plus ou moins imposé mais en tout cas d'une influence forte. C'est une période d'essor de la société de consommation, de développement de la culture de masse avec la radio et la télévision que de plus en plus de foyers américains peuvent acquérir dans les années 1950-60.
Présentation et analyse de l’œuvre
Comme "encre", Warhol a utilisé de la peinture acrylique : la peinture acrylique est obtenu en mélangeant des pigments de couleur avec des résines synthétiques et apparaît dans les années 1930, elle est utilisée au départ pour l'industrie automobile et les bâtiments.
Le genre de la peinture est celui de la nature morte genre traditionnel de la peinture mais ici revisité par Warhol.
Tout ces choix plastiques indiquent la volonté de neutralité, voire de banalité, le but n'est pas d'exprimer une émotion ou sa subjectivité, ni de donner une dimension spirituelle à l'œuvre.
Le travail d'Andy Warhol se veut impersonnel, pourtant son style a marqué le monde de l'art et celui de la publicité, et paradoxalement il est identifiable tout de suite. En outre, dans le travail d'Andy Warhol, il n'y a pas particulièrement de critique de la société américaine, de la société de consommation comme chez d'autres artistes du Pop Art. Warhol aime les objets qu'offre la modernité, il les trouve « formidable ». Il s’intéresse à l'image pour elle-même, à son pouvoir sur les gens, il s’intéresse à l'apparence des choses, à leur surface, ses œuvres n'ont pas de profondeur ou de sens caché.
Son intérêt pour le star system va également dans ce sens, ses portraits de stars célèbres deviennent à la mode, et les people du moment commandent leur portrait à Warhol. Le star system fabrique des icônes, des images, Warhol les reproduit avec son style (images simplifiées et en série, variations de couleurs, etc). Andy Warhol, admirateur des stars en devient lui-même une.
– La disposition des toiles alignées, et la répétition du même motif, peuvent rappeler les produits dans les rayonnages des magasins.
Réception de l'œuvre (accueil par le public, les critiques d'art) :
À ses débuts dans les années 1960, le Pop Art américain n'est pas bien perçu par le milieu artistique et les critiques sont très dures : les artistes du Pop Art sont qualifiés de "new vulgarians" (les nouveaux vulgaires, ou parvenus) ou de simples « peintres d'enseignes » (publicitaires).
Auprès du public, le Pop Art suscite des réactions contradictoires. C'est une nouvelle mode. Il fait parler de lui. Il est scandaleux car il pose la question du mérite et de l'intention des artistes à présenter comme des œuvres d'art des représentations ayant pour modèles des objets commerciaux quelconque ou des images issues de la culture populaire (BD, cinéma) et à leur accorder ainsi de l'importance.
Certains reprochent à Andy Warhol de se contenter d'utiliser des images qu'il ne crée même pas, de les modifier à peine, de les reproduire en plusieurs exemplaires et de se faire beaucoup d'argent, rapprochant l'art d'un business comme un autre. En tous cas les œuvres de Warhol ne laissent pas indifférents et la polémique autour du Pop Art a permis à Warhol de se faire connaître à défaut d'avoir pu se faire beaucoup d'argent au début car ensuite Andy Warhol fut un des artistes les plus côtés de son vivant.
Conclusion :
Une boîte de soupe, un produit alimentaire basique, devient par le travail d'un artiste une œuvre d'art qui s'inscrit dans un nouveau courant artistique (le Pop Art) et témoigne de l'évolution de la société américaine mais aussi occidentale dans son ensemble où la consommation de produits alimentaires manufacturés est devenue une norme, synonyme de progrès. On entre dans « la société de consommation », dans la « société de l'apparence ». En effet, elle prend place à un moment où les mentalités d'avant-guerre laissent place à la « modernité », à la production de masse, à une diffusion encore plus grande de l'uniformisation des goûts, des besoins, à la contestation de l'ordre établi (indépendance, lutte pour les droits, à la redéfinition des rapports familiaux…).
- Titre de l'objet d'étude : Campbell's Soup Cans (en français : Boîtes de soupe Campbell), souvent appelée 32 boîtes de soupe Campbell.
- Date de réalisation : 1962. Auteur / Artiste : Andy WARHOL (1928-1987)
- Descriptif : série de 32 toiles de 50,8 x 40,6 cm chacune.
- Technique : peinture acrylique et liquitex peint en sérigraphie sur toile.
- Lieu de conservation et d'exposition : MoMA (Museum of Modern Art), New York, Etats-Unis.
Nous allons étudier une œuvre de l'artiste américain Andy Warhol, figure majeure du mouvement artistique du Pop Art américain qui apparaît au début des années 1960. Cette œuvre réalisée en 1962 s'intitule Campbell's Soup Cans, Boîtes de soupe Campbell en français, elle est aussi souvent appelée « 32 boîtes de soupes Campbell » car il s'agit de 32 petites peintures d'environ 51cm par 41 cm montrant chacune une variété (un goût) de soupe différente et que proposait la marque Campbell à l'époque.
Je vais maintenant passer à la première grande partie de mon exposé dans laquelle je vais d'abord vous parler de l'artiste Andy Warhol puis je situerai mon objet d'étude dans ses contextes historique et artistique.
L'artiste Andy WARHOL
Andy Warhol est né en 1928 à Pittsburgh en Pennsylvanie et mort à New York en 1987 à 59 ans.
Enfance : – Petit, Andy Warhol a une maladie qui l'oblige à rester souvent alité. Pour s'occuper, Andy Warhol dessine, écoute la radio et collectionne des photographies de stars de cinéma. Il décrira plus tard cette période de sa vie comme déterminante dans son développement personnel et de ses goûts artistiques. – Il fait 4 ans d'études artistiques entre 1945 et 1949, il y développe déjà une technique de dessin tamponné, donc d'une image répétée.
Années 1950 : Andy Warhol devient un illustrateur publicitaire reconnu qui travaille comme publicitaire dans des magazines de mode féminins. – En 1952 a lieu sa première exposition d'illustrations publicitaires dans une galerie new-yorkaise, Andy Warhol a 24 ans.
Années 1960 : C'est au début des années 1960 qu'il peint ses premières boîtes de soupes Campbell ainsi que ses sérigraphies ayant pour sujet des stars américaines – En 1964 il ouvre à New York un atelier artistique qu'il appelle la Factory (la Fabrique) : La Factory, en plus d'être l'atelier où il réalise ses sérigraphies, sert aussi de galerie d’exposition, de studio de tournage, de photographies, de salle de concert. C'est le lieu de fêtes « people » réunissant le milieu underground et de jeunes riches de la jet set, et où la drogue circule librement. Andy Warhol est un artiste touche à tout : travail de peintre avec ses sérigraphies, producteur musical, cinéaste, il a même eu sa propre chaîne de télévision câblée. Il a soutenu de jeunes artistes aujourd'hui célèbres : Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. Dès le début de sa carrière Andy Warhol s’intéresse à deux univers : la publicité commerciale et le monde artistique : Pour lui ces 2 mondes ne sont pas opposés, il parle « d'art commercial » pour la publicité et de son envie de « terminer avec une entreprise d'art », ce que la Factory peut symboliser. Warhol eu l'idée de les réunir et adhère au Pop Art dont il sera l'artiste le plus connu. Il est considéré comme « Pope of the Pop » (le « Pape du Pop »).
Les thèmes de prédilection d'Andy Warhol sont les objets de consommation, les stars et la mort.
Le contexte historique : Après la Seconde Guerre Mondiale, l'Europe se reconstruit. C'est l'essor des Etats-Unis qui deviennent la 1ère puissance économique mondiale et dont la culture devient un modèle plus ou moins imposé mais en tout cas d'une influence forte. C'est une période d'essor de la société de consommation, de développement de la culture de masse avec la radio et la télévision que de plus en plus de foyers américains peuvent acquérir dans les années 1950-60.
Présentation et analyse de l’œuvre
- Le titre Campbell's Soup Cans est factuel : il indique simplement ce qui est représenté, il ne commente pas, il est neutre.
- Le style: illustratif et réaliste au sens où Warhol représente les boîtes de soupe Campbell telles qu'elles sont (dans d'autres versions il en modifiera les couleurs).
- Les couleurs: les couleurs rouge et blanc dominent, il y a un peu de doré pour le médaillon au centre et le lettrage du mot « soup ». Dans cette version, Warhol reprend les couleurs originales des conserves de soupe Campbell. Les boîtes sont représentées sur un fond blanc.
- Le modelé des boîtes est très léger : ce qui nous donne la sensation du volume, de la tridimensionnalité (3D) de la boîte est l'ombre sur le couvercle, mais celle-ci est discrète, car le but est d'avoir une image plate, sans effet de relief. Cela simplifie l'image et lui donne un impact visuel plus marquant comme le sont des images publicitaires dont le but est d'attirer l'attention du spectateur-consommateur.
- La taille: chaque toile mesure environ 51x41cm, la boîte de conserve n'est donc certainement pas représentée à taille réelle mais plus grande, ce qui lui donne de l'importance : un objet banal alimentaire, du quotidien, montré comme une œuvre d'art.
- La technique est celle de la sérigraphie: c'est un procédé d'impression qui permet de reproduire plusieurs fois la même image. Le plus souvent Andy Warhol choisissait une photographie parue dans un magazine, il choisissait la taille et les couleurs et la quantité de fois où serait reproduit l'image. En fait il rend le plus impersonnel possible son travail d'artiste.
- L'œuvre n'est plus le résultat d'un savoir-faire artisanal, elle n'est plus directement de la main de l'artiste. Warhol met ainsi de la distance avec son œuvre.
Comme "encre", Warhol a utilisé de la peinture acrylique : la peinture acrylique est obtenu en mélangeant des pigments de couleur avec des résines synthétiques et apparaît dans les années 1930, elle est utilisée au départ pour l'industrie automobile et les bâtiments.
Le genre de la peinture est celui de la nature morte genre traditionnel de la peinture mais ici revisité par Warhol.
Tout ces choix plastiques indiquent la volonté de neutralité, voire de banalité, le but n'est pas d'exprimer une émotion ou sa subjectivité, ni de donner une dimension spirituelle à l'œuvre.
Le travail d'Andy Warhol se veut impersonnel, pourtant son style a marqué le monde de l'art et celui de la publicité, et paradoxalement il est identifiable tout de suite. En outre, dans le travail d'Andy Warhol, il n'y a pas particulièrement de critique de la société américaine, de la société de consommation comme chez d'autres artistes du Pop Art. Warhol aime les objets qu'offre la modernité, il les trouve « formidable ». Il s’intéresse à l'image pour elle-même, à son pouvoir sur les gens, il s’intéresse à l'apparence des choses, à leur surface, ses œuvres n'ont pas de profondeur ou de sens caché.
Son intérêt pour le star system va également dans ce sens, ses portraits de stars célèbres deviennent à la mode, et les people du moment commandent leur portrait à Warhol. Le star system fabrique des icônes, des images, Warhol les reproduit avec son style (images simplifiées et en série, variations de couleurs, etc). Andy Warhol, admirateur des stars en devient lui-même une.
– La disposition des toiles alignées, et la répétition du même motif, peuvent rappeler les produits dans les rayonnages des magasins.
Réception de l'œuvre (accueil par le public, les critiques d'art) :
À ses débuts dans les années 1960, le Pop Art américain n'est pas bien perçu par le milieu artistique et les critiques sont très dures : les artistes du Pop Art sont qualifiés de "new vulgarians" (les nouveaux vulgaires, ou parvenus) ou de simples « peintres d'enseignes » (publicitaires).
Auprès du public, le Pop Art suscite des réactions contradictoires. C'est une nouvelle mode. Il fait parler de lui. Il est scandaleux car il pose la question du mérite et de l'intention des artistes à présenter comme des œuvres d'art des représentations ayant pour modèles des objets commerciaux quelconque ou des images issues de la culture populaire (BD, cinéma) et à leur accorder ainsi de l'importance.
Certains reprochent à Andy Warhol de se contenter d'utiliser des images qu'il ne crée même pas, de les modifier à peine, de les reproduire en plusieurs exemplaires et de se faire beaucoup d'argent, rapprochant l'art d'un business comme un autre. En tous cas les œuvres de Warhol ne laissent pas indifférents et la polémique autour du Pop Art a permis à Warhol de se faire connaître à défaut d'avoir pu se faire beaucoup d'argent au début car ensuite Andy Warhol fut un des artistes les plus côtés de son vivant.
Conclusion :
Une boîte de soupe, un produit alimentaire basique, devient par le travail d'un artiste une œuvre d'art qui s'inscrit dans un nouveau courant artistique (le Pop Art) et témoigne de l'évolution de la société américaine mais aussi occidentale dans son ensemble où la consommation de produits alimentaires manufacturés est devenue une norme, synonyme de progrès. On entre dans « la société de consommation », dans la « société de l'apparence ». En effet, elle prend place à un moment où les mentalités d'avant-guerre laissent place à la « modernité », à la production de masse, à une diffusion encore plus grande de l'uniformisation des goûts, des besoins, à la contestation de l'ordre établi (indépendance, lutte pour les droits, à la redéfinition des rapports familiaux…).
Œuvres proposées par monsieur Durlicq
problématique Caddie : En quoi la société de consommation conditionne les 30 glorieuses ?
problématique affiche : Les prélèvements alimentaires allemands en France sous l'occupation : La disette imposée ?
les œuvres sont :
La femme au caddie de Duane Hanson, 1969-1970
Supermarket Lady, renommée ensuite Lady's Market ou encore Supermarket Shopper
Intro. : Supermarket Lady est une œuvre de Duane Hanson (1925-1996) créée en 1969, présentée au public en 1970. Elle est exposée au Musée d'Art Contemporain Ludwig-Forum d'Aix-la-Chapelle en Allemagne.
I/ Auteur
Duane Hanson, est né le 17 janvier 1925 à Alexandria (Virginie-États-Unis) et mort le 6 janvier 1996 à Boca Raton (Floride-EU), c’est un sculpteur américain. Son œuvre appartient au courant de l'hyperréalisme.
Entre 1946 et 1951 il obtient plusieurs diplômes en beaux-arts, le dernier dans l’État américain du Michigan. Hanson part ensuite enseigner les beaux-arts en Allemagne, notamment à Munich, avant de retourner aux USA, toujours comme enseignant.
II/ Composition de l'œuvre
Sculpture en résine de polyester et fibre de verre et réalisé à partir de modèle vivant. La structure a été moulée directement sur le corps du modèle avec des bandes de silicones dans lesquelles il coule de la résine de polyester, elle permet des reproductions détaillées. Les matériaux utilisés pour cette œuvre d'environ 166 x 70 x 70 cm, sont très différents : métal, papier et plastique, fer et de vrais vêtements.
La Supermarket Lady est peinte avec de la peinture acrylique, tous les petit détails sont représentés (exemple: les veines). Il ajoute de vrais cheveux et des yeux de verre. La structure est grandeur nature. Il y a une volonté permanente de justesse de réalisme par rapport à la personne représentée, Hanson réussit à parfaire l’illusion de réalité, c'est de l'hyperréalisme.
III/ Description
Comme Rodin, il cherche l'essentiel directement observable au quotidien et naturel. Cette œuvre est représentée en grandeur nature. Elle représente une femme américaine qui consomme beaucoup remplissant son caddie au point de le faire déborder. Les supermarchés aux Etats-Unis sont parfois ouverts 24h/24h. Il n'est donc pas improbable de croiser une ménagère portant des bigoudis et des chaussons et poussant un caddie (ce qui étonnerait en Europe).
Cette femme est forte. Elle fume son caddie qui est rempli de nourriture (produits issus de l'industrie agroalimentaire). Elle est en surpoids, la cigarette à la bouche, les bigoudis sur la tête, son collant est filé et ses vêtements sont dépareillés. Elle a des boutons et même des bleus qui peuvent laisser penser qu’il s’agit d’une femme battue.
Elle est installée dans l’espace réel du musée, sans socle de présentation : elle est en contact direct avec le public (comme toutes les œuvres de Duane Hanson) pour interpeller le spectateur.
IV/ Interprétation
Cette "Supermarket lady" illustre la société américaine des années 60. Avec l'apparition du supermarché, la ménagère achète tout au même endroit et le caddie a remplacé le panier. Il est aussi possible d'envisager le rôle de l'automobile qui permet de tout transporter. Cette œuvre traduit les symboles de la société de consommation en 1970. On note cette ménagère américaine issue de la petite Amérique qui a le regard vide, elle achète pour noyer le complexe de la pauvreté. Je consomme pour exister. Je marque ma réussite par mon achat (marqueur social) même si cela se fait au détriment de mon bonheur et de ma santé. C'est un regard critique sur la société de consommation et sur l'American Way Of Life (mode de vie américain). Cette femme qui veut se mettre en valeur (elle fait l'effort de se faire des bigoudis pour se rendre plus belle) se met en danger (surpoids) pour noyer son désespoir par de la surconsommation (le caddie déborde de produit qui sont mauvais pour elle).
Conclusion : Il traite ses « sujets » avec tact, compassion et sympathie en mettant en évidence leur fragilité, leur résignation et, souvent, leur désespoir. Il veut transporter des scènes de la vie quotidienne banale ou provocante au musée pour les y immortaliser. Une de ses œuvres majeures montre un policier blanc tabassant un Afro-Américain après l’assassinat de Martin Luther King. Duane Hanson persiste avec thèmes aussi épineux que la guerre du Vietnam, les femmes battues et les sans domicile fixe.
Annexe I
L’hyperréalisme :
Est nommé aussi en anglais photorealism ou superrealism. Il apparaît aux États-Unis dans les années 1965-1970. C’est un courant de peinture et de sculpture qui s’appuie sur la photographie pour observer le réel, voire le copier. La photographie est un intermédiaire entre le monde réel et la peinture qui le représente.
La vraisemblance est parfois poussée tellement loin qu’elle produit sur le spectateur un effet de malaise. Mais ce malaise est surtout dû au fait que les œuvres hyperréalistes ne sont ni émouvantes, ni touchantes seulement « vraies ».
L’œuvre de Hanson, Supermarket Lady, quelque peu grotesque, résume parfaitement le projet de l’artiste qui refuse toute forme d’idéalisme. Il revendique au contraire une réalité crue de la sculpture et, par là même, de la figuration humaine.
Annexe II
Le pop’art :
Le pop art est un ensemble de phénomènes artistiques intimement liés à l'esprit d'une époque, celle d'un large mouvement culturel des années 60. Il trouve son origine en Grande-Bretagne au milieu des années 1950, mais se répand rapidement à l'ensemble du monde occidentalisé dans le contexte de la société industrielle capitaliste. Celle-ci s'appuie sur l'essor des technologies nouvelles en plein essor dont les artistes pop vont s'emparer et qui touchent toute la sphère culturelle : le pop art se manifeste dans les pratiques et les comportements de toute une génération.
affiche éditée par le Service Social de la Croix Rouge Française.
Antérieure à juin 1942
Économisez le pain, coupez-le en tranches minces
…Et utilisez toutes les croûtes pour les soupes
Intro. : "Économisez le pain."
Affiche de la Croix rouge française, de R. Rocher, juin 1942. En mai-juin 1940, l’armée allemande envahit la France dont les troupes sont mises en déroute. Le maréchal Philippe Pétain devenu président du Conseil (le 16 juin) demande un armistice qui est signé le 22 juin. Les conditions d’armistice imposées par l’Allemagne sont très dures : le nord et l’ouest du pays sont occupés par l’armée allemande et la France doit payer des frais d’occupation très élevés (400 millions de francs par jour, elle atteindra 700 millions en 1944).
En zone libre comme en zone occupée la vie quotidienne va devenir difficile. Les restrictions sont drastiques, les cartes d’alimentation sont obligatoires dès 1941.
I/ Auteur
R. Rocher (aucune information sur ce dernier).
II/ Composition de l'œuvre
Affiche réalisée par le service social de la Croix rouge française et placardée dans toutes les communes de France, afin d’inciter les Français à économiser de la nourriture.
III/ Description
On voit une miche de pain, posée sur un carnet de tickets d’alimentation, en train d’être découpée en fines tranches. Le commentaire est le suivant : Économisez le pain, coupez-le en tranches minces… Et utilisez toutes les croûtes pour les soupes.
Les couleurs sont chaudes, la miche de pain est appétissante comme elle pouvait l’être avant-guerre.
IV/ Interprétation
Aujourd’hui les rations alimentaires nécessaires estimées sont de 2000 à 2500 calories par jour. Pendant la guerre, les rations alimentaires étaient en France en moyenne de 1300 calories (600 en Pologne et 300 dans le ghetto de Varsovie).
Sous l'Occupation allemande, la France subit des restrictions sur la plupart des produits, car les Allemands réquisitionnent tout ce qui leur semble utile : produits alimentaires et non alimentaires pour se ravitailler, voitures et camions, logements... La France est complètement désorganisée à leur profit, tout manque aux Français. Des produits comme le lait, le sucre, la farine, le charbon pour le chauffage deviennent rares ou introuvables.
Les Français reçoivent des tickets de rationnement leur donnant théoriquement le droit d'acheter de petites quantités de ces produits essentiels, par exemple 28 grammes de viande par jour et par personne, mais il faut faire la queue de longues heures et souvent pour rien, parce que le marchand n'a finalement plus de stock.
Parallèlement à ce marché marqué par les restrictions, se développe un "marché noir" illégal où on trouve de tout mais à prix d'or. L'injustice est donc extrême et la plupart des gens ont faim. C'est le malheur qui a été le plus visible par tous les Français. Mais l'horreur de la guerre a atteint plus durement encore certains Français (Juifs).
Rapidement, beaucoup de produits de première nécessité manquent. La pénurie a plusieurs origines : la guerre a interrompu les échanges avec les pays étrangers et les colonies françaises. L’Angleterre toujours en guerre puis les Etats-Unis, en décembre 1941 exercent un blocus maritime sur l’Europe continentale. Les échanges entre régions sont désorganisés.
Comme dans toute période troublée, le commerce fonctionne mal. Ceux qui détiennent des marchandises les cachent (comme l’exemple d’un charcutier qui avait caché un cochon dans son lit, une information parue dans la tribune de l’Est, semaine du 13 au 19 décembre 1942). En 1940, les mairies distribuent chaque mois des tickets d’alimentation que les habitants doivent remettre aux commerçants en échange de marchandises.
Les quantités varient selon les besoins estimés de la population répartie en 11 catégories : depuis E (enfants de moins de 3 ans), à V (personnes de plus de 70 ans), en passant par J1 (jeunes de 3 à 6 ans), J2 (6 à 13 ans), J3 (13 à 21 ans)et A (adultes de 21 à 70 ans). Les travailleurs de force et les femmes enceintes ou qui allaitent ont droit à des rations supplémentaires (exemple de rationnement : en 1938, un adulte consomme en moyenne 3,4 kg de bœuf par mois ; en mai 1941, un adulte A n’a le droit qu’à 350g par mois et en 1943, à 260g par mois). Les quantités prévues, déjà faibles au départ, diminuent au cour des années ; en Avril 1943, la ration de viande est de 120g par semaine, à défaut d’autres légumes, on mange du rutabaga ou du topinambour (légumes-racines). Les habitants des villes n’ayant pas d’amis ou de famille à la campagne et ceux qui n’ont rien à échanger souffrent beaucoup.
Il faut se débrouiller pour améliorer l’ordinaire. On faisait d’immenses queues devant les magasins, tout le monde essayait de se débrouiller en échangeant des marchandises, en allant à la campagne, trouvant des produits de ressemblance (glands pour faire du café), le terme allemand ersatz prend là toute sa signification. En pleine ville certaines familles élevaient même des lapins et des poules dans les cours.
Conclusion : la santé de la population des grands centres urbains se détériore gravement, surtout en zone Sud, moins favorisée par la nature. La mortalité augmente, prélevant un lourd tribut sur les vieux, les malades, les jeunes enfants. Des individus jusque-là honnêtes se mettent à chaparder des produits alimentaires, surtout du pain, ou à acheter des cartes de pain volées, ou fausses dont la fabrication est passible de la peine capitale. Les personnes de moralité irréprochable considèrent tous ces trafics avec indulgence. L'Église catholique pardonne à ceux qui ne le font pas à des fins lucratives. Au « ils nous prennent tout » s'ajoute « c'est toujours ça qu'ils n'auront pas ».
Affiche de la Croix rouge française, de R. Rocher, juin 1942. En mai-juin 1940, l’armée allemande envahit la France dont les troupes sont mises en déroute. Le maréchal Philippe Pétain devenu président du Conseil (le 16 juin) demande un armistice qui est signé le 22 juin. Les conditions d’armistice imposées par l’Allemagne sont très dures : le nord et l’ouest du pays sont occupés par l’armée allemande et la France doit payer des frais d’occupation très élevés (400 millions de francs par jour, elle atteindra 700 millions en 1944).
En zone libre comme en zone occupée la vie quotidienne va devenir difficile. Les restrictions sont drastiques, les cartes d’alimentation sont obligatoires dès 1941.
I/ Auteur
R. Rocher (aucune information sur ce dernier).
II/ Composition de l'œuvre
Affiche réalisée par le service social de la Croix rouge française et placardée dans toutes les communes de France, afin d’inciter les Français à économiser de la nourriture.
III/ Description
On voit une miche de pain, posée sur un carnet de tickets d’alimentation, en train d’être découpée en fines tranches. Le commentaire est le suivant : Économisez le pain, coupez-le en tranches minces… Et utilisez toutes les croûtes pour les soupes.
Les couleurs sont chaudes, la miche de pain est appétissante comme elle pouvait l’être avant-guerre.
IV/ Interprétation
Aujourd’hui les rations alimentaires nécessaires estimées sont de 2000 à 2500 calories par jour. Pendant la guerre, les rations alimentaires étaient en France en moyenne de 1300 calories (600 en Pologne et 300 dans le ghetto de Varsovie).
Sous l'Occupation allemande, la France subit des restrictions sur la plupart des produits, car les Allemands réquisitionnent tout ce qui leur semble utile : produits alimentaires et non alimentaires pour se ravitailler, voitures et camions, logements... La France est complètement désorganisée à leur profit, tout manque aux Français. Des produits comme le lait, le sucre, la farine, le charbon pour le chauffage deviennent rares ou introuvables.
Les Français reçoivent des tickets de rationnement leur donnant théoriquement le droit d'acheter de petites quantités de ces produits essentiels, par exemple 28 grammes de viande par jour et par personne, mais il faut faire la queue de longues heures et souvent pour rien, parce que le marchand n'a finalement plus de stock.
Parallèlement à ce marché marqué par les restrictions, se développe un "marché noir" illégal où on trouve de tout mais à prix d'or. L'injustice est donc extrême et la plupart des gens ont faim. C'est le malheur qui a été le plus visible par tous les Français. Mais l'horreur de la guerre a atteint plus durement encore certains Français (Juifs).
Rapidement, beaucoup de produits de première nécessité manquent. La pénurie a plusieurs origines : la guerre a interrompu les échanges avec les pays étrangers et les colonies françaises. L’Angleterre toujours en guerre puis les Etats-Unis, en décembre 1941 exercent un blocus maritime sur l’Europe continentale. Les échanges entre régions sont désorganisés.
Comme dans toute période troublée, le commerce fonctionne mal. Ceux qui détiennent des marchandises les cachent (comme l’exemple d’un charcutier qui avait caché un cochon dans son lit, une information parue dans la tribune de l’Est, semaine du 13 au 19 décembre 1942). En 1940, les mairies distribuent chaque mois des tickets d’alimentation que les habitants doivent remettre aux commerçants en échange de marchandises.
Les quantités varient selon les besoins estimés de la population répartie en 11 catégories : depuis E (enfants de moins de 3 ans), à V (personnes de plus de 70 ans), en passant par J1 (jeunes de 3 à 6 ans), J2 (6 à 13 ans), J3 (13 à 21 ans)et A (adultes de 21 à 70 ans). Les travailleurs de force et les femmes enceintes ou qui allaitent ont droit à des rations supplémentaires (exemple de rationnement : en 1938, un adulte consomme en moyenne 3,4 kg de bœuf par mois ; en mai 1941, un adulte A n’a le droit qu’à 350g par mois et en 1943, à 260g par mois). Les quantités prévues, déjà faibles au départ, diminuent au cour des années ; en Avril 1943, la ration de viande est de 120g par semaine, à défaut d’autres légumes, on mange du rutabaga ou du topinambour (légumes-racines). Les habitants des villes n’ayant pas d’amis ou de famille à la campagne et ceux qui n’ont rien à échanger souffrent beaucoup.
Il faut se débrouiller pour améliorer l’ordinaire. On faisait d’immenses queues devant les magasins, tout le monde essayait de se débrouiller en échangeant des marchandises, en allant à la campagne, trouvant des produits de ressemblance (glands pour faire du café), le terme allemand ersatz prend là toute sa signification. En pleine ville certaines familles élevaient même des lapins et des poules dans les cours.
Conclusion : la santé de la population des grands centres urbains se détériore gravement, surtout en zone Sud, moins favorisée par la nature. La mortalité augmente, prélevant un lourd tribut sur les vieux, les malades, les jeunes enfants. Des individus jusque-là honnêtes se mettent à chaparder des produits alimentaires, surtout du pain, ou à acheter des cartes de pain volées, ou fausses dont la fabrication est passible de la peine capitale. Les personnes de moralité irréprochable considèrent tous ces trafics avec indulgence. L'Église catholique pardonne à ceux qui ne le font pas à des fins lucratives. Au « ils nous prennent tout » s'ajoute « c'est toujours ça qu'ils n'auront pas ».